ÇA IRA

Triptyque sur la gravité

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Librement inspiré de la théorie philosophique de l'éternel retour de Friedrich Nietzsche.

Ça ira est le deuxième chapitre du projet chorégraphique "C'est Pas Grave" : une trilogie sur la signification ambivalente de la gravité : matérielle (du corps) et symbolique (de l'esprit). "Ça ira" interroge le verbe de mouvement "aller " (où ? quand ? comment ?), plutôt que son encouragement rhétorique. La logique de la construction chorégraphique suit ce qui, en termes philosophiques, pourrait être défini comme un éternel retour du même, un perpétuel commencement, une ouverture sans fin. Remonter la diagonale de la scène (l'hypoténuse) et répéter le même parcours dans l'espace avec des variations gestuelles et des intermèdes humoristiques, autant de fois que nécessaire, afin de comprendre que vous n'allez nulle part, que cette vie, telle que vous la vivez et l'avez vécue, vous devrez la revivre encore et encore d'innombrables fois, et qu'il n'y aura jamais rien de nouveau, mais que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque soupir, chaque chose indiciblement petite et grande de votre vie devra vous revenir, et tout cela dans la même séquence et succession.

Les trois interprètes font un véritable voyage sans destination finale. Ils font près de quarante fois le tour du périmètre du triangle rectangle, explorant toute sa surface, à travers des marches nuptiales, des marches funèbres, des marches militaires, des danses folkloriques, des marches athlétiques, des marches religieuses : des rituels éternels et primordiaux de l'être humain. La marche est un déséquilibre perpétuel, une chute différée, une locomotion nécessaire pour déplacer le centre du corps d'un point à un autre dans l'espace. Dans différentes cultures et époques, la marche a toujours été un moyen d'arriver, d'atteindre un lieu ou d'accomplir une mission. La marche est une action volontaire et coordonnée pour attendre une destination, un lieu propice à une éventuelle métamorphose du corps : à l'instar des complexes sculpturaux, les corps sont modelés et prennent de nouvelles formes et postures. À petits et grands pas, sur des rythmes binaires ou ternaires, en ligne ou en colonne, rassemblés ou espacés, les interprètes créent des interactions physiques, explorant le concept de concert et d'harmonie entre les corps. Ils expérimentent, dans l'instant présent, la loi du hasard et de l'imprévu, éveillant une relation constante entre les différentes parties du corps, qui dialoguent et construisent de nouvelles architectures dans l'espace.